L'Hôtel de La Rallière


Proche du chevet de l’abbatiale, l’hôtel de la Rallière est une vaste construction inachevée du XVIIe siècle. Elle fut commandée par Samuel Gaudon, un protestant natif de Preuilly, qui fit fortune en exerçant la très lucrative fonction de fermier aux entrées de Paris. Afin d’asseoir sa rapide ascension sociale, il entreprit de se faire construire un château à la mesure de sa nouvelle condition dans son pays natal. Il prit alors le nomde la terre sur laquelle il le fit édifier : La Rallière. Cependant, Samuel Gaudon se retrouva fortement compromis dans les troubles de la Fronde et il fut pris pour cible dans plusieurs mazarinades. Plus grave encore, il est embastillé le 26 janvier 1649. On peut considérer que les travaux d’édification du château s’achèvent brutalement à cette époque.

 

La construction est, au cours du XVIIIe siècle, rattachée au domaine de Preuilly et d’Azay-le-Ferron. Pendant la Révolution, les combles furent utilisés comme prison pour y détenir des soldats vendéens à en croire les nombreux graffitis représentant des fleurs de lys et le Sacré-Cœur, emblèmes de l’Armée Catholique et Royale. Racheté au début du XIXe siècle par M. Louis-Joseph Dauphin, le château fait l’objet le 2 décembre 1853 de la part de son nouveau propriétaire d’une donation à la commune pour en faire un hospice et un lieu d'enseignement pour les jeunes filles (Etablissement Public le 27 février 1856). Cette nouvelle attribution se prolongea jusqu’en 1992, date de sa désaffectation. L'Hôtel de La Rallière devra attendre 17 ans avant de trouver un acquéreur.


Dans son état actuel, le bâtiment se compose de deux pavillons reliés par un corps allongé. Le pavillon méridional est celui qui a le plus d’élévation, il contient un très bel escalier suspendu à quatre noyaux. Sa position excentrée dans le plan d’ensemble révèle qu’il s’agit d’un escalier secondaire. A l’opposé, le pavillon nord plus étroit dont les trois travées de baies s’élèvent sur deux niveaux, est couvert d’un élégant toit à l’impériale. Il dispose sur ses façades orientale et occidentale de deux portes centrales richement ornées de pilastres et chapiteaux corinthiens. Ces ouvertures, les plus ouvragées de la construction, laissent deviner le rôle central qu’elles devaient jouer dans la construction terminée. En effet, ces dernières conduisaient à l’origine à l’escalier d’honneur du château. Des sources anciennes révèlent qu’il fut détruit à la suite d’un incendie dans le courant du XVIIIe siècle.

 

L’édifice inachevé devait donc avoir un prolongement vers le nord lui donnant une symétrie parfaite dans l’esprit de l’architecture classique.


Les ambitions de Samuel Gaudon semblaient à la mesure de sa nouvelle fortune puisqu’on lui attribue l’intention de vouloir reconstruire entièrement la ville selon un plan régulier à l’image, presque contemporaine, de la ville de Richelieu. La construction concomitante au château des sept pavillons identiques semble étayer cette hypothèse.

Le Vicomte de La Rallière.

Bien que La Rallière ne fut pas égirée en vicomté par lettres patentes, Samuel Gaudon s'en octroya le titre et le fit figurer dans une série de chiffres entrelacés. "SG VDLR" Samuel Gaudon Vicomte De La Ralliere. Ces chiffres sont toujours visibles sur les murs de l'Hôtel.

Le château de La Rallière si Samuel Gaudon avait pu réaliser ses rêves... (manque les campaniles ajourés au-dessus des pavillons extérieurs)
Le château de La Rallière si Samuel Gaudon avait pu réaliser ses rêves... (manque les campaniles ajourés au-dessus des pavillons extérieurs)

Bibliographie : 

Histoire de la ville et du canton de Preuilly (Indre et Loire), par Charles Audiger et Constant Moisand (de Beauvais), membres de la société des Gens de Lettres, Tours 1846.

En ligne sur le site archive.org

Carte topographique de la baronnie de Preuilly en Touraine, BnF, GED-4530
La baronnie de Preuilly, vers 1700

Ci-dessus la carte topographique de la baronnie de Preuilly en Touraine, avec les armes en alliance de Louis-Nicolas Le Tonnelier de Breteuil, baron de Preuilly par acquêt de 1699, premier baron de Touraine, né le 14 septembre 1648 et décédé le 24 mars 1728, officier de la Maison de Louis XV, lecteur du Roi jusqu'en 1684, introducteur des Ambassades de 1698 à 1715, et de son épouse (mariés le 15 avril 1697) Gabrielle-Anne de Froulay, née vers 1670 et décédée le 4 août 1740.

Source : Bibliothèque nationale de France, GED-4530

Site : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84435922


Gabrielle-Émilie Le Tonnelier de Breteuil, Marianne Loir. Bordeaux, Musée des Beaux-Arts.

Le couple Breteuil / Froulay eut comme enfants :

1) René-Alexandre Le Tonnelier de Breteuil, né le 7 février 1698 et décédé à Montargis en 1720, enseigne de la Colonelle du Régiment de Champagne ; 

2) Charles-Auguste Le Tonnelier de Bretreuil, baron de Preuilly, premier baron de Touraine, seigneur d’Azay-Le-Ferron, de Fombaudry et de Tournon, né le 17 novembre 1701 et décédé le 13 juin 1731, capitaine de Cavalerie au Régiment de Lorges ;

3) Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil, dite «La Divine Emilie», «Madame du Châtelet» ou «Marquise du Châtelet» née à Paris le 17 décembre 1706 et décédée à Lunéville le 10 septembre 1749, mathématicienne, physicienne, inspiratrice et maîtresse de Voltaire, maîtresse du marquis de Guébriant, le l'académicien Moreau, du maréchal-duc de Richelieu, et de l'académicien et philosophe le marquis de Saint-Lambert ;

4) Charles-Auguste Le Tonnelier de Bretreuil, décédé en 1710, chevalier de Malte reçu le 11 mai 1706 ;

5) Elisabeth-Théodose Le Tonnelier de Breteuil, né le 8 décembre 1712 et inhumé le 24 juillet 1781, chevalier de Malte reçu le 17 mars 1713, abbé de Breteuil, prieur de Saint-Martin-des-Champs de Paris,chancelier du duc d’Orléans

François-Guillaume Ménageot, Paris, musée du Louvre

Et comme petit-fils :

Louis Charles Auguste Le Tonnelier, baron de Breteuil, baron de Preuilly, né à Azay-Le-Ferron le 7 mars 1730 et décédé à Paris le 2 novembre 1807, guidon de Gendarmerie durant la guerre de Sept Ans, ministre plénipotentiaire auprès de l'électeur de Cologne en 1758, ambassadeur en Russie en 1760 auprès d'Élisabeth Ire puis de Catherine II, ambassadeur en Suède aurpès de Gustave III jusqu'en 1766, médiateur pour Louis XVI durant la guerre pour la succession au trône de Bavière, grand viguier d’Andorre il empêcha la principauté d'être rattachée à Pampelune, ministre de la Maison du roi et de Paris en 1783, administrateur du domaine de Saint-Cloud pour le Roi en 1784, membre de l'Académie des sciences le 11 décembre 1785, démissionnaire de toutes ses fonctions le 24 juillet 1788, émigré le 17 ou 18 juillet 1789 en Allemagne puis en Suisse, en novembre 1790, il reçoit une lettre de Louis XVI lui donnant pouvoir pour « traiter avec les cours étrangères et proposer en son nom toutes les mesures qui pourraient tendre à rétablir l'autorité royale et la tranquillité intérieure dans le royaume », rentré en France en 1802 il décède ruiné cinq ans plus tard

 

ISMH, 11 juillet 1942
ISMH, 11 juillet 1942